Les BD de Ralf König ont pour thème la vie des homos allemands d'aujourd'hui.
Homos, évidemment, et avec eux leur sexualité, présentée sans détour et sans cache-sexe... et beaucoup représentée.
Et allemands, parce que les références culturelles, politiques et sociétales du pays sont au coeur de cet oeuvre, même si l'oeuvre est largement accessible à tous. Merci à ce titre au traducteur Fabrice Ricker pour ses précisions sur... Marianne Rosenberg par exemple.

Les BD de Ralf König sont, depuis 20 ans, le reflet de notre époque, et représentent avec justesse une part de la population autrefois au ban de la société, et aujourd'hui toujours en lutte contre les discriminations.

Les homos que l'on retrouve chez Ralf ? "Cuirs", mariés, vieux, bodybuildés, flics, poilus, exhibs, volages, célibataires, jeunes, gros, glabres, fans de poils, voyeurs, "folles", rangés, honteux, fans de porno, profs de piano,... Est-ce qu'un homo ne s'y est pas reconnu une fois ??
Par contre, les lesbiennes sont rares, sauf dans Lysistrata, où elles mènent la lutte. Mais elles ont un peu plus la part belle dans les deux derniers albums :
- "Comme des lapins", avec un délicieux cliché des filles déménageuses
- "Et maintenant, embrassez-vous !" avec le mariage de Elkë et Lilith.

... Bon, il y a aussi les hétéros. Quand ils ne sont pas objet de désir, il faut garder leurs gosses, les décoincer... ou les supporter.

L'album "Comme des lapins" nous présente le stéréotype de l'hétéro masculin mateur de porno et malheureux au lit... Retournement de cliché, non ?

 
 
 
Les travestis, et autres transformistes, ou les mecs qui se déguisent à la moindre occasion, qui bien souvent agacent les machos ou font rire leurs amis.
Les cuirs, que l'on retrouve dans les bars de "La Capote qui tue" et dans l'entourage de Paul, et qui font des choses pas montrables ici.
Les chiens : ils vomissent, font caca sur la moquette, mettent bas pendant que leur maître fait l'amour, meurent bêtement... Osera-t-on penser que Ralf ne les aime pas ? L'ouvrage qui paraîtra bientôt en France, Roy & Al, leur est en tout ca consacré...
Les voisins. Comme partout, ils ont un peu tendance à écouter à travers les murs... et à faire des commentaires parfois déconcertants !  
 

Le Sexe ! Ici, on ne le cache pas. Quickie ou pas quickie ? Calin ou "ah oui ! ouiiiii !!!!!" ? Je peux caresser ton torse poilu ? Bien sûr, c'est un sujet plus que récurrent... c'est même le noeud (hi hi) du problème entre Conrad et Paul.

Quant aux relation hétérosexuelles, elles sont mises à mal dans "Lysistrata" et de manière plus tranchante dans "La capote qui tue".

Mais c'est aussi l'amour qui traîne au fil des pages, avec ses joies, ses peines, et tout le tralala qui va avec... et surtout les problèmes de couple !

Bien que bourrées d'humour, les BD de König sont parfois très sérieuses, émouvantes, voire tristes. Sans cela, elles ne seraient pas à l'image de ce que l'on vit ou a vécu. Parfois, donc, les pages parlent de difficulté à faire son coming-out, des parents qui n'acceptent pas l'homosexualité de leur fils, d'homophobie...

Et puis il y a le SIDA. Inévitable... Malheureusement. La maladie, les amis partis, le safe sexe, les capotes, le dépistage... C'est le sujet central de "Super Paradise", album peut-être charnière chez König, comme s'il tenait à nous faire comprendre qu'il y a des moments où... il faut arrêter de rigoler.

N'oublions pas le fond sonore : La musique : Incontournable techno qui fait Bouffta Bouffta, Marianne Rosenberg (chanteuse allemande que le traducteur compare à Dalida) qui fait hurler la foule quand elle chante "Er gehört zu mir", ou la musique classique pour Mecaroni ou Conrad.

Mise à jour : 08.11.2006